Étude préliminaire Partie 2 – notre société
25 octobre 2022Les règles du jeu.
Vous faîtes peut-être partie de ceux qui lancent un jeu sans lire la notice. Quand il s’agit d’un jeu vidéo dont vous pouvez recommencer le niveau de façon illimitée et en un rien de temps, ça n’aura quasiment pas d’influence sur vous et votre vie. Ça pourra même vous aider à façonner votre personnalité : patience, persévérance, réflexion… Quand il s’agit d’un projet qui s’articule sur plusieurs années, voire sur une à plusieurs vies, il va falloir étudier et comprendre le système sociétal dans lequel ce projet va s’implanter afin de faire des choix stratégiques. Cette compréhension nous permettra de nous émanciper de préjugés et de jugements hâtifs tenaces de la société occidentale. En France métropolitaine, nous avons un regard particulièrement ancré sur la valeur travail. Quand nous parlons de « vie active », nous sous-entendons « emploi » ou « entreprenariat ». Vous pourriez être finalement très actif dans votre vie et dans celle des autres sans emploi ou entreprise. Considéreriez-vous alors comme ayant une « vie active » ? Si vous touchiez des aides de l'État, par exemple le chômage, pour monter votre projet, considéreriez-vous que « vous profitez du système », ou est-ce un droit pour lequel vous avez cotisé ?
Et si on lisait la notice pour une fois ?
Il y a un réel écart parfois, pour ne pas parler de gouffre, entre le sentiment général et les réelles possibilités qu’offre un système sociétal. Je suis partisan de l’idée d’étudier et de connaître en profondeur les rouages d’un système, ce qui permet non pas de profiter mais d’utiliser les outils que notre société nous met à disposition. Il peut bien entendu s’agir d’aides financières, mais la connaissance du système peut amener bien plus que ça : établissement d’infrastructures, créations d’activités, regroupement d’activités, aménagement d’espace et de temps, réseau professionnel... Cette connaissance et cette analyse nous permettront de faire des choix stratégiques pour notre projet, basés sur des faits et sur des lois. C’est-à-dire, à égalité avec toute personne face aux mêmes décisions. Par exemple, vous ne profitez pas du système en touchant une aide de retour à l’emploi (le chômage) : vous touchez cette aide parce que c’est un droit que vous avez ouvert, et pour lequel vous avez cotisé.
Il s’agit de deux choses distinctes entre utiliser les possibilités qu’un système offre, et vouloir faire « changer les choses ». Si le combat c’est de faire évoluer les choses, au niveau sociétal et non individuel, parce qu’on considère qu’il y a une injustice, il faudra travailler le projet en ce sens. Cependant, on ne pourra jamais décorréler notre vie à nous, de ce projet tourné vers la société : il y a des priorités à établir. Si nous n’avons pas où dormir, ou pas à manger, nous aurons peu de chances de faire « changer les choses » a priori. De plus, pour faire évoluer ou « changer les choses » d’un système sociétal, il faut en connaître et maîtriser le fonctionnement. Il nous faudrait donc connaître nos droits et devoirs afin de créer un projet qui nous amènerait à révolutionner ce système que nous aurions utilisé pour en arriver là. Mais ça, c’est un autre projet que le nôtre.