La perception et l’information : introduction
25 octobre 2022Savoir écouter son instinct.
Certaines personnes n’ont rien besoin de concret pour démarrer une réflexion sur leur mode de vie actuel. Bien souvent il s’agit plus d’un ressenti que de faits très concrets. C’est ce qui rend toute cette réflexion difficile car au début elle ne s’appuie que sur des émotions impalpables. J’ai pour ma part un esprit très cartésien, et je rends concrètes les choses très rapidement. Par exemple, lorsque je voyais des anciens collègues devenir parents, quelque chose me perturbait : ce collègue venait d’être papa, et revenait au travail quelques jours après seulement la naissance, parce que son congé parental était terminé. Il était fatigué, il ne voyait pas son enfant, et en plus la maman devait gérer toute seule ses journées, physiquement et émotionnellement. Rien de tout ça ne m’aurait plu à sa place et je préférais tout faire pour éviter de me retrouver dans cette situation. La maman reprendra le travail après le congé maternité et va donc devoir payer un moyen de garde. Donc en plus de ne pas voir leurs enfants, ils doivent se lever plus tôt pour les amener en garde. Et si on finit le cercle vicieux : ils travaillent pour payer la garde des enfants qu’ils doivent payer parce qu’ils travaillent. Vous voyez de quel ressenti je parle ? Ce truc en vous qui vous dit : et sinon, il n’y a pas moyen de faire autrement ? Parce que moi je préfère ne pas travailler et rester avec mon enfant. Ce n’est évidemment pas aussi simple, mais on peut prendre le temps d’y réfléchir afin de voir si d’autres solutions peuvent éventuellement s’offrir à nous. Car mis bout à bout, il y a une solution à tout, qui plus est quand on arrive à avoir une vision globale des choses.
Travailler avec son intuition.
Cette intuition, elle se travaille. Elle nous suit tout au long de notre projet et je pense qu’il faut apprécier vivre avec elle car elle nous permet de mener des réflexions que nous n’aurions pas menées autrement. Si vous avez l’intuition que votre projet est parfait pour vous, c’est qu’il y a probablement des raisons impalpables qui vous font ressentir ça. Nous avons remarqué avec Lénaïc comment « les planètes se sont alignées » depuis le début du projet. Nous avons cette impression que nous étions à l’endroit qui nous correspondait parfaitement et que tout se simplifiait au fur et à mesure qu’on s’engouffrait dans le projet. Je pense que lorsque qu’on fait quelque chose qui nous correspond parfaitement, on dégage quelque chose de tellement positif que ça crée un cercle vertueux autour de nous. Nous sommes plus à même de recevoir des informations, et nous sommes plus à même d’en transmettre. Les choses viennent à nous sans forcer, sans problème. Nous avons l’intuition que nous faisons exactement ce qu’il faut pour nous. Cette intuition est agréable, alors on en profite.
Ce ressenti nous suivra tout au long de notre projet. Nous nous apercevons qu’au fur et à mesure que nous affinons nos choix, le projet se fluidifie. Nos interlocuteurs nous apportent des clés et des maillons manquants, et cherchent à nous voir réussir. Nous créerons peut-être des vocations. Notre engouement en entraînera peut-être d’autres. On en serait très fiers.
Pour expliquer plus concrètement ce ressenti : en nous installant à Saint-Georges-de-Reintembault, nous avons eu le sentiment (surtout en partant de Paris) de nous installer au milieu de nulle part. Nous avions un peu peur de nous retrouver isolés socialement et d’avoir peu de personnes avec qui échanger avec nous des questions qui nous animent. J’ai un peu honte aujourd’hui en écrivant ça car il s’agissait d’un bon gros préjugé de gentil parisien qui part à la campagne. Il en est tout autre : plus nous rencontrons de personnes autour de chez nous, plus nous découvrons des projets et initiatives de résilience (sociale, environnementale, culturelle…) créés et améliorés par des personnes d’une gentillesse et d’une bienveillance profondes. Nous avons passé un bon nombre de soirées à discuter du modèle agricole conventionnel avec nos voisins éleveurs et à échanger sur le modèle bio avec ceux de la ferme juste à côté. Et toutes ces rencontres ont vu le jour dans le petit village dans lequel nous habitons ! Je n’imagine pas tout ce qui doit se passer si on élargit le cercle ne serait-ce qu’aux villages voisins. Plus nous rencontrons ces personnes avec qui il fait bon échanger, plus nous nous sentons « à l’endroit où nous devons être ».
„plus nous rencontrons de personnes autour de chez nous, plus nous découvrons des projets et initiatives de résilience.”
Claudia est en train d’aménager un gigantesque théâtre de verdure, à ciel ouvert, chez elle afin d’inviter la culture et les rencontres. Félix propose de jouer son spectacle directement dans les fermes des alentours. Marie-Aude propose des conférences sur la méthode Montessori. Thierry et Laëtitia seront très heureux de vous expliquer le fonctionnement de leur ferme de vaches laitières et porcs et leurs choix économiques si vous venez les rencontrer. Alain et Sonia vous inviteront en salle de traite et vous expliqueront avec fierté un autre modèle agricole. Murielle et Chloé ont des connaissances incroyables sur les plantes sauvages et leurs vertus. Tim sait tailler la pierre. Christophe et Carole ont un retour d’expérience de plus de 10 ans sur la permaculture en maraîchage. Julien et Tifany savent isoler une maison en terre-paille en plus d’avoir beaucoup de goût. Ludivine et Nicolas ont créé un îlot de biodiversité à deux pas de la maison, Charles nous amène tous les jours un peu de sa culture créole en déposant les lettres dans la boîte aux lettres, Hugo et Sabine ont retapé leur maison en banchage chaux-chanvre en plus d'être des navigateurs hors pair… Nous sommes fiers d’habiter dans un village où la diversité des activités s’ajoute à la bienveillance et au plaisir de partager un bon repas.
J’aurais un grand nombre d’exemples de planètes qui s’alignent nous concernant mais celui-là est celui qui nous fait le plus chaud au cœur.