Étude préliminaire Partie 2 – les règles du jeu
25 octobre 2022Notre société et son système.
Dans cette démarche d'étude de système, nous nous sommes rendus compte que le système sociétal occidental nous permet un très vaste champ d’actions. Je m’en suis rendu compte en particulier quand j’ai été confronté à un système différent du nôtre. Il nous est par exemple autorisé, au moment où j’écris ces lignes, de toucher une aide de retour à l’emploi, tout en débutant une activité non salariée en parallèle (et donc d’encaisser des factures). On ne perd pas nos droits au chômage, et nous ne sommes pas freinés dans le développement de notre activité. C’est non seulement légal mais en plus très bien accompagné par les équipes de Pôle Emploi. Nous n’avons pas de candidatures à envoyer ou de RDV concernant un retour à l’emploi si notre projet n’en nécessite pas. Cerise sur le gâteau, les équipes de Pôle Emploi pourront nous aider à développer notre projet en nous facilitant l’accès à tout un réseau de structures, collectivités, entreprises, associations et formations. Autre exemple : en quittant un emploi de salarié, nous pouvons bénéficier pendant une certaine durée de la « portabilité du contrat de mutuelle ». Ce qui signifie que, pendant une période donnée, nous conservons nos droits de mutuelle, sans pour autant avoir à la payer. C’est évidemment soumis à conditions, mais ça reste parfaitement légal et cadré. Encore un exemple : à l’époque où j’ai monté une société de production vidéo, on entendait beaucoup parler de déboires avec le RSI -RégimeSocial des Indépendants- (retards de paiements importants, erreurs difficiles à régulariser, calculs de charges avec 2 ans de différence…). En écoutant les rumeurs, on pouvait vite croire qu’en tant entrepreneur on n’avait pas le choix que d’utiliser ce système qui me semblait particulièrement risqué financièrement. Même si le schéma de montage d’une société simple impliquait d’être au RSI, il était tout à fait possible de ne pas du tout passer par cet organisme (c’était justement ce que j’avais fait en montant ma société de production vidéo). J’ai pu obtenir ces informations en discutant avec des entrepreneurs que j’avais dans mon réseau, tout en confrontant les informations à celles que j’avais comprises des sites Internet officiels, ainsi qu’à celles obtenues lors de rendez-vous pris avec des conseillers dans la chambre de commerce de mon secteur et avec le service des impôts des entreprises.
Il y a les préjugés, et il y a la vraie vie.
S’affranchir des préjugés de société c’est aussi pouvoir se recentrer sur l’essentiel. J’ai par exemple plusieurs exemples d’amis avec jeunes enfants qui « travaillent pour mettre de côté pour les études de leurs enfants plus tard ». Une partie conséquente de leur salaire paie en parallèle nourrice ou crèche pour accueillir ces mêmes enfants pendant leurs journées de travail. Sans jugement aucun des choix de nos amis, c’est typiquement ce double schéma qui ne nous correspondait pas avec Lénaïc. Il y a deux notions qui ne convenaient pas à notre vision des choses : l’idée implicite de travailler pour se payer le droit de… travailler. Et l’idée de travailler pour payer quelque chose dont on n’avait aucune idée de si nous ou notre enfant en aurions un jour besoin. Lénaïc et moi souhaitions passer du temps avec notre jeune enfant quand il serait né. Nous préférions tous deux être avec lui plutôt que d’être en train de travailler, si on en avait le choix. Donc l’idée de devoir gagner de l’argent pour payer une nourrice ou un centre d’accueil qui devrait s’occuper de notre enfant parce que justement on devait travailler était dérangeante. Concernant les études, nous étions à nous deux un exemple concret de cette fausse nécessité de devoir « subvenir à ses besoins plus tard » du moins par l’argent mis de côté. Je reviendrai plus longuement sur ma vision de l’avenir du système, en particulier du système bancaire dans un prochain article. Lénaïc a fait des études (entre autres d’ingénieure agronome), et ses parents n’avaient pas les ressources pour les lui payer. Elle s’est responsabilisée au moment de son choix, et a financé elle-même ses études par un prêt étudiant. Cette démarche lui a permis d’atteindre une certaine maturité pendant ces études, étant contractuellement engagée avec la banque. Il ne s’agissait pas de ne pas être assidue ou de faire un choix au hasard. De mon côté, mes parents avaient mis de l’argent de côté pour mes études (ce qui implique forcément un sacrifice à un moment ou un autre pour eux, de temps ou de projet d’achat)… J’ai quitté le lycée le jour de mon anniversaire, 3 mois avant le BAC, que je n’ai bien entendu jamais eu. Je n’ai pas fait d’études par la suite, mais une formation diplômante rémunérée. Je n’ai jamais eu besoin de cet argent qu’ils avaient mis de côté. À nous deux donc, nous sommes le parfait exemple qu’une notion bien ancrée dans notre inconscient collectif n’a finalement peut-être pas lieu d’être.
„S’affranchir des préjugés de société c’est aussi pouvoir se recentrer sur l’essentiel.”
Tout l’enjeu c’est avant tout de connaître les possibilités, avec les tenants et aboutissants. C’est-à-dire, savoir à quoi vous engage telle ou telle décision. Ces possibilités, on peut les connaître en posant des questions aux bonnes personnes : celles qui ont justement un exemple concret parce qu’elles se seront renseignées dans ce sens pour adapter leur propre projet, et celles qui fournissent les services en question. Nous n’avons pas toujours des personnes compétentes en face de vous, il faut prendre patience, noter, croiser toujours les informations, décrocher le téléphone et appeler les services, prendre des rendez-vous, se documenter sur les sites Internet officiels. Comme dans toute démarche journalistique ou scientifique, il faut sourcer vos informations, et surtout les croiser. Nul besoin de chercher à « niquer le système » ou à frauder. On se retrouverait confronté toute votre vie au risque de nous faire rattraper par la justice, ce qui n’est pas l’idéal pour dormir sereinement. Le système est complexe mais il nous permet une très grande amplitude de mode de vie, on peut l’utiliser pour adapter et faire avancer notre projet. Petit à petit, nous faisons un entonnoir avec les informations que nous avons réussi à glaner, ce qui nous permet de peaufiner notre projet et de le rendre parfaitement viable dans la société dans laquelle nous l’implantons. Notre réseau est important dans toutes ces démarches, pour questionner notre fonctionnement, et pour nous ouvrir des portes. On y reviendra dans un prochain article, mais il est important de continuer de solliciter notre entourage sur nos réflexions. Nous gagnons du temps et de l’assurance en expliquant encore et encore notre démarche intellectuelle et nos choix.