Le rapport à l’émotion et à l’intuition
25 octobre 2022La perception et l’information : le changement de perception
25 octobre 2022Introduction.
Nous sommes convaincus qu’un projet de vie ne peut pas fonctionner si l’on n’est pas intimement convaincu de son bien-fondé. Ce projet nous demande une réelle implication au quotidien, que ce soit en termes d’énergie, d’argent et de temps. Nous avons douté, et nous doutons encore. Nous devons régulièrement expliquer, argumenter, détailler notre projet. Selon le milieu social duquel on vient, un projet comme le nôtre peut être remis en question de tous bords, très rapidement. C’est pourquoi j’insiste sur le fait d’être intrinsèquement convaincu de son utilité, et de son bien-fondé. On n’aurait jamais pu mener ce projet de front comme on le fait avec Lénaïc si on avait attaché une quelconque importance au regard sociétal dessus. Nous réfléchissons nos choix, nous pouvons les expliquer et les argumenter parce qu’ils sont cohérents avec notre vision de la vie dans le présent et dans le futur.
Si par exemple vous êtes persuadé qu’un système sociétal basé sur la croissance et donc la dette financière ne peut pas s’effondrer, toute idée de créer de la résilience sera futile. Au fond de vous, la résilience sous quelque forme que ce soit n’aura aucun réel intérêt, puisque vous considérez que le système dans lequel vous vivez pourra continuer de fonctionner sur une base de croissance. Il y aura des hauts et des bas, certes, mais vous y croirez quand même.
„Nous réfléchissons nos choix, nous pouvons les expliquer et les argumenter parce qu’ils sont cohérents avec notre vision de la vie dans le présent et dans le futur.”
En ce qui nous concerne, nous sommes intimement persuadés que le système sociétal dans lequel nous vivons ne va pas pouvoir ni tenir, ni s’adapter, et ce dans un futur très proche. Nous pensons, à l’heure où j’écris ces lignes, en 2021, que le système qui régit nos sociétés occidentales a déjà commencé à s’effondrer. Nous pensons que nous sommes au-devant de très grands changements sociétaux et du coup sociaux, d’ici 10 ans. De notre point de vue, ce changement est inévitable, peu importe le degré de prise de conscience général. C’est pourquoi nous croyons intimement au projet de vie que nous avons initié : il nous est impossible de continuer à vivre sans réduire notre consommation effrénée. Et il est important de favoriser grandement le développement de la biodiversité. Ça ne changerait potentiellement pas grand-chose de ne pas faire ce projet, d’un point de vue global, mais ça n’aurait aucun sens pour nous de ne pas le faire. Nous devons être plus résilients dans notre façon de vivre, et c’est ce que nous cherchons à améliorer au fur et à mesure du temps. Nous souhaitons vivre avec ceux qui nous entourent, dans l’échange, le partage et la solidarité. Cette vision des choses se base sur nos réflexions et sur le comportement de notre espèce (l’Homo sapiens), sur différents rapports scientifiques toujours plus alarmants, ainsi que ce que nous avons pu constater de nos propres yeux quant à l’évolution du vivant sur Terre.
Je n’épiloguerai pas ici sur le détail de ces réflexions, que vous pourrez nourrir ou pas de votre côté, ce ne sont pas les sources qui manquent. Personnellement je n’ai pas besoin de vous convaincre de notre vision des choses. Par contre, pour construire notre projet de vie nous avons eu besoin d’être convaincus nous-mêmes de notre propre vision des choses. Il s’agit pour moi, de la différence entre l’information et le changement de perception. Je tiens cette réflexion (pour rendre à César ce que appartient à César) d’Alain Damasio, dont la citation a été reprise dans la musique « Nouveau monde » de Rone, artiste que j’apprécie beaucoup. Je pense que de nos jours, tout le monde est ou peut être informé. Nous avons un accès à l’information comme jamais l’espèce humaine n’a pu le faire. Presque n’importe qui peut aujourd’hui avoir accès aux rapports scientifiques, aux projections, aux constats, etc… Cependant il y a un gouffre entre le fait d’être informé et celui de changer de perception. Il s’agit probablement d’une certaine forme de déni. Potentiellement liée au manque de temps pour une quelconque réflexion et remise en question de notre mode de vie occidental, peut-être aussi par la peur des changements qu’une telle réflexion peut engendrer. Pour moi, tout change, le jour où notre perception change. Même si l’information et la perception sont étroitement liées l’une à l’autre, je pense qu’il y a une réelle différence entre donner l’information et faire changer la perception à quelqu’un.
Changer de perception.
Ma perception a changé en quelques années. J’avais pour but personnel de très bien gagner ma vie (financièrement donc), en faisant de la vidéo. C’était une sorte de revanche sur le système sociétal dans lequel j’ai eu du mal à me fondre étant adolescent. J’ai quitté le système scolaire un peu avant le BAC. On me disait que sans le Bac, je « visserai des boulons toute la vie » (dixit mon professeur principal l’année où j’ai quitté le système scolaire). J’avais donc presque inconsciemment placé les objectifs devant moi : non seulement je réussirai à vivre de la vidéo, parce que c’est un mode d’expression qui me plaît et dans lequel je pense ne pas être trop mauvais, et je gagnerai plus que le professeur qui a dit que « je visserai des boulons toute la vie », qui plus est en travaillant moins que lui. Est arrivé le moment où en effet ça marchait bien. J’avais enfin de quoi prouver au monde entier que j’avais réussi… Et le monde entier n’en avait rien à faire ! Quelle déception d’avoir mis autant d’énergie à vouloir prouver aux autres quelque chose dont ils se foutent. Pourtant, ces « autres » étaient les premiers à critiquer tous les choix que j’avais fait à l’époque : l’entreprenariat, sans réseau, sans diplôme… Voilà le parfait exemple de ce dont je parlais : si vous faites un projet, faites le parce que vous en êtes convaincu. Pas pour prouver à votre entourage que vous faites les choses comme « il faut ». Vous économiserez beaucoup de temps et d’énergie, et vous ferez des choix qui vous ressemblent vraiment, en minimisant le regard de la société.