Réduire nos dépenses : par où commencer ?
26 octobre 2022Trésorerie de départ et future : le futur
26 octobre 2022Le présent.
Avant de passer aux projections de calculs, nous avons commencé par regarder la trésorerie que nous avions de côté. Dans un monde bien capitaliste, cet exercice consisterait uniquement à additionner les montants dont nous disposons sur des comptes en banque. En l’occurrence, nous avions au début du projet 50 000€ chacun d’épargné. Soit 100 000€ au total. Ce montant nous donnait une idée du dimensionnement de notre projet, sans emprunt à la banque.
Cependant, à y réfléchir plus précisément, nos épargnes ne sont pas les seules à entrer dans ce calcul. Nous avions par exemple toujours chacun un salaire au moment de l’écriture du projet. Selon les scénarios, nous disposerions de salaires et / ou de recettes (en effet, aucun de nos scénarios ne prévoyait une sortie totale de l’emploi ou de l’entreprenariat). Dans le scénario qui s’est confirmé, nous avions prévu 4000€ par mois de rentrées d’argent à deux la première année (incluant les recettes liées au gîte et le chômage), 3300€ la seconde année, 3000€ les années suivantes. Notre objectif sera de continuer cette décroissance petit à petit en continuant d’adapter notre mode de vie.
Au delà du compte en banque.
Dans ces calculs de trésorerie initiale et future, on peut encore étendre les choses, par exemple aux différents savoir-faire qu’on a. En effet, avec une vision holistique, si on n’a pas d’argent pour acheter des légumes, mais que qu’on sait en faire pousser, et « faire » nos graines, la compétence peut entrer directement en compte dans le calcul. C’est une partie qui concerne la réduction des dépenses. Ces savoir-faire vont être amenés à augmenter au fur et à mesure du projet, ce qui réduira la partie financière à y consacrer. Dans un calcul budgétaire, les savoir-faire peuvent sérieusement peser dans la balance. Ils nous économiseront de l’argent de dépenses ou nous permettront de faire du troc (ce qui revient de près ou de loin à un échange monétaire). Nous avons pour objectif de produire un peu plus de légumes que nos besoins, dans l’idée première de stocker ou transformer pour du stockage afin d’augmenter notre résilience face à une météo de plus en plus incertaine. Nous prévoyons également de pouvoir offrir et échanger ces denrées contre d’autres comme par exemple du cidre, du fromage ou simplement d’autres légumes que nous n’aurions pas fait pousser. Le savoir-faire c’est aussi tout ce qui touche de près ou de loin aux aménagements. Depuis le début du projet j’ai par exemple appris à poser un tableau électrique (aux normes), et donc gérer l’installation de lumières, prises ou autres. Nous avons également commencé à apprendre à gérer notre eau : savoir en trouver, installer un réseau d’eau avec des décanteurs et autres systèmes de filtration. Nous avons appris à creuser et donc à gérer l’excédent de terre, à fabriquer un puits canadien, installer des poteaux, du grillage, fabriquer des mares, etc… Tout ceci n’est pas systématiquement en low tech, et donc avec une résilience plus ou moins limitée, mais c’est du savoir-faire qui s’ajoute petit à petit. L’avantage avec le savoir-faire c’est qu’on ne peut pas en avoir trop ! Pour revenir à nos moutons, ce savoir-faire nous permet d’un point de vue financier deux choses : une réduction claire des dépenses directes d’argent, car nous pouvons nous passer de faire appel à des artisans et des intermédiaires. C’est donc une économie, qui représente une somme d’argent disponible. C’est aussi un moyen de troc et d’échange, qui nous permet par exemple de proposer ces services en échange d’autres qui nous manquent. Un exemple parmi d’autres, si on sait couper les cheveux, c’est quelque chose qu’on va pouvoir sortir de la partie des dépenses et c’est une compétence qui nous aidera à faire du troc. Au-delà de tout aspect financier, monter en compétences est vraiment stimulant et nous apporte beaucoup de plaisir. Celui de comprendre, celui d’entreprendre, celui de maîtriser les systèmes qui nous rendent service, celui de pouvoir les réparer et bien évidemment mon préféré : celui de pouvoir expliquer et en parler autour de nous.
Au delà des savoir-faire.
Une autre chose qui peut entrer en compte dans la partie budget, c’est le réseau social qu'on a (le vrai, pas ceux d’internet). Je ne parle pas ici d’entretenir des relations par intérêt, attention. Cependant dans nos amis, familles et connaissances, chacun dispose de savoir-faire et de son propre réseau. Ça signifie que nous avons du monde probablement prêt à nous aider d’une manière ou d’une autre, soit en venant donner un coup de main pour telle ou telle tâche, soit parce qu’avec leur réseau ils peuvent nous faciliter les choses (trouver des personnes susceptibles de nous aider, sur les réflexions ou directement sur le terrain, avoir des contacts avec des fournisseurs…). Et le meilleur moyen de le savoir, c’est déjà de ne pas être dans l’urgence (chose que nous avons bien du mal à faire avec Lénaïc, les vieilles habitudes sont tenaces) et surtout : de parler de notre projet et de nos envies. En faisant connaître notre projet, nos réflexions, nous donnerons l’occasion à notre réseau de nous aider. Humainement c’est très chouette et, allez savoir, financièrement ce sont potentiellement des dépenses en moins ou des dépenses mieux utilisées que nous aurons. Il existe aussi tout un réseau de woofing. Il s’agit de personnes prêtes à venir aider quelques temps en échange du logis et de repas. C’est un bon moyen d’échanger, de partager des expériences et de faire des rencontres. En ce qui nous concerne, nous n’avons pas fait appel à ce réseau.
Pour finir, nous vivons dans une époque où chacun d’entre nous a un accès sans précédent dans l’histoire de l’humanité à l’information. Si on le souhaite, on peut apprendre dès aujourd’hui à fabriquer une maison, à potabiliser de l’eau, à faire pousser des légumes, et j’en passe. Cet accès à l’information presque illimité et à moindre coût nous donne un sérieux avantage dans notre projet : on peut par exemple envisager de nous installer à un endroit qui n’a pas d’eau parce que nous savons que nous pourrions y creuser un puits dans quelques années. Nous pourrions également envisager de nous installer dans un habitat léger. Les exemples sont nombreux en ce qui nous concerne sur cette partie : quand nous sommes partis de Paris, nos compétences (les miennes en l’occurrence !) se limitaient à savoir accrocher un cadre sur un mur, et encore, certainement pas du premier coup. Depuis nous avons beaucoup appris (merci Youtube, les livres, les réseaux sociaux réels et virtuels).
Voilà pour ce qui est de l’estimation financière présente. C’est celle qui nous permettra d’envisager par exemple l’achat d’un bien en fonction de plus de facteurs que simplement nos économies financières en banque.