Le déclic : doit-on franchir le pas ? (non) : la réflexion
26 octobre 2022Le déclic : doit-on franchir le pas ? (non) : conclusion
26 octobre 2022Les jokers.
Concernant l’aspect financier, nous avons passé un temps particulièrement conséquent à construire et réfléchir notre budget. Ça fera l’objet d’un prochain article où je vous détaillerai la méthode et les montants de toutes nos projections. Je pense qu’il faut avant tout partir du constat de base : comment envisageons-nous un éventuel rebond en cas de faillite ? Ce constat posera les bases de ce dont nous aurions besoin pour rebondir. En ce qui nous concerne avec Lénaïc, nos compétences nous permettent de pouvoir retrouver rapidement un travail, en particulier sur Paris. Les parents de Lénaïc habitent à 1h de Paris par le train. Une des solutions de repli, au moment où nous élaborions ce projet, était donc d’aller chez eux le temps de retrouver un travail puis de reprendre un appartement à Paris afin de commencer une nouvelle page de vie. Financièrement, nous avons de l’argent de côté (j’y reviendrai aussi dans l’article concernant le budget). Nous avons fait le choix d’omettre une partie de cet argent de nos calculs. C’est une sorte de caisse de secours pour nous. Toutes ces solutions nous les avons appelées les « jokers ». En réalité, nous avons réfléchi à une multitude de jokers tout au long du projet. L’objectif étant d’avoir des solutions à différentes variations possibles et par-dessus tout éviter de nous faire surprendre. Si on ne regarde que l’aspect financier, nous avons préparé des projections sur 10 ans. Nous avons même été plus loin : lors de la création du projet, nous ne savions pas dans quelle mesure nous pourrions avoir les indemnités de chômage. Nous avons réalisé un « business plan » sur 10 ans par projection. À un moment du projet nous avions 5 projections différentes sur 10 ans en fonction de quel montant de notre trésorerie on investissait, et quel montant de recettes on projetait raisonnablement d’avoir. Je ferai aussi un article détaillé sur ces projections que nous avons faites en amont.
Ces projections nous permettent de faire régulièrement (à peu près tous les mois) des points avec Lénaïc sur le budget : où en est-on sur notre trésorerie par rapport à ce qu’on avait prévu ? Quels sont les gros postes de dépenses ? Doit-on revoir notre façon de faire ? Ce système de fonctionnement nous permet d’anticiper une éventuelle banqueroute bien en avance et donc de pouvoir corriger le tir si on sent qu’on va arriver à une impasse. Raisonnablement, à partir du moment où nous nous sommes installés dans notre maison, nous savions que nous avions a priori 3 ans devant nous avant un réel risque de banqueroute. Nous avons décidé que ces 3 ans, même si le projet devait s’arrêter là, vaudraient le coup d’être vécus. Nous avions 3 ans devant nous pour créer une vie comme nous l’avons imaginée et passer du temps avec notre enfant.
„Nous avions 3 ans devant nous pour créer une vie comme nous l’avons imaginée et passer du temps avec notre enfant.”
Un autre joker que nous avons identifié à force de travailler sur le budget c’est que si l’un de nous deux retrouve un travail à temps plein, nous pourrions continuer de vivre confortablement à trois avec notre enfant sur la propriété. Cette projection signifie que si nous identifions un éventuel risque de banqueroute, a priori des mois en avance, nous pourrions toujours rester dans la maison si on le souhaite.
Nous avons beaucoup d’autres « jokers » notamment dans la diversification des sources de revenus. Je détaillerai un peu cette partie dans l’article concernant le budget, car c’est au moment de ces calculs que nous avons créé cette notion de « jokers ».
Nous avons poussé l’exercice plus loin : dans notre vision de l’avenir, nous allons vivre un effondrement de notre société relativement brutal dans les années qui arrivent. Le risque, de notre point de vue, c’est de perdre nos économies détenues par les banques… dont notre maison qui ne nous appartiendra officiellement que lorsque notre prêt sera intégralement remboursé. De notre point de vue toujours, ça signifie que nous n’aurions plus d’argent de côté brutalement, et qu’un organisme qui aura racheté notre banque peut récupérer notre maison. Plus de toit, plus d’argent donc. Ce scénario est le pire qu’on puisse imaginer, surtout que nous ne serions pas les seuls à le vivre au même moment. Le joker à cette situation serait d’aller s’installer dans la maison de ma mère et de transposer notre jardin potager là-bas.
Travailler les sorties du projet... Pour y rester.
Nous ne souhaitons en aucun cas activer ces jokers évidemment. Mais cette réflexion sur les risques et les solutions nous a permis d’avancer de façon plus sereine, sans avoir cette impression de faire le grand saut. Nous ne risquons pas nos vies. Nous risquons une confrontation de nos convictions profondes avec la réalité. Le risque s’arrête ici. Ces réflexions nous ont également permis de pouvoir présenter le projet à nos proches afin qu’ils puissent se rendre compte du sérieux dans sa construction.
Voilà deux ans que nous sommes dans la maison et notre trésorerie a augmenté depuis qu’on y est installé, contre toute projection initiale, et ce malgré les investissements que nous avons réalisés pour le gîte et le jardin. Nous savons déjà que nos projections les plus mauvaises, qui nous faisaient arrêter le projet au bout de 3 ans, ne sont plus d’actualité. Nous sommes revenus sur plusieurs grandes idées que nous avions, qui ont créé plus de problèmes que de solutions, mais nous restons attachés à cette idée de protéger le vivant, de créer un jardin fonctionnant sous forme d’écosystèmes et d’avoir à terme un impact positif sur la biodiversité.